Ce site traite du son du magnétophone à bande et du système CLASP. Il a été créé dans le cadre d'un mémoire de 3ème année à l'ESRA Bretagne (ISTS)
contact : valentin.piederriere@yahoo.fr
Quelles méthodes utiliser aujourd’hui afin d’obtenir le son du magnétophone analogique à bande magnétique ?
Son principe
Le principe de cette machine est de pouvoir intégrer un magnétophone analogique à bande à un studio audio numérique sans latence supplémentaire et de tout numériser en temps réel. Etant intégré à une DAW, on utilise alors plusieurs fois la même bande jusqu’à son usure trop importante. On comprend alors la signification de Closed Loop Analog Signal Processor (CLASP) qui est une boucle fermé puisqu’il faut rembobiner la bande lorsqu’elle est finit contrairement à un délai à bande par exemple.
Ce patch relie tous les principaux éléments du studio : préampli, convertisseur, console, magnétophone.
Il supprime alors un grand nombre de contraintes qui étaient liées à l’utilisation des magnétophones analogiques comme les transferts et le coût de la bande.
Le CLASP a pour principe d’être très transparent et de laisser la coloration aux autres machines. Etant donné que toutes les machines ou presque passent par cette machine, il est important qu’il n’est aucune influence sur le son.
Son seul rôle est de faire du routing et de gérer la latence. Cette latence est dû à l’écart qu’il y a entre la tête d’enregistrement et de lecture.
La méthode propriétaire utilisée par Endless Analog est la SST (Sample Synchronisation Technologie), ce qui indique déjà que les moyens utilisés jouent sur les échantillons numériques.
En tous les cas, ce n’est pas un système 0 latence comme vendu parfois car il y a toujours la latence des convertisseurs. En revanche, c’est un système sans latence supplémentaire.
Façade avant du CLASP
Le signal flow de l’installation et son intégration à une DAW
Le CLASP bridge plugin
On y trouve beaucoup d’infos et il permet de faire du contrôle à distance. Il doit n’y avoir qu’un bridge plug-in par session.
Il y a le temps restant sur la bande, la vitesse de défilement de la bande en IPS, l’offset appliqué aux pistes, les pistes armées, la fréquence d’échantillonnage.
Il est possible d’y choisir trois modes :
-Tape mode, le signal passe par la bande magnétique
-Direct mode, le signal ne passe pas par la bande mais tout de même par le CLASP. Ce mode permet d’éliminer le magnétophone à bande sans pour autant changer son câblage (un clic suffit). C’est pour cela que le CLASP se doit d’être transparent afin de ne pas altérer le signal.
-Programmer mode, pour utiliser des instruments virtuels sans latence.
On peut choisir un magnétophone à utiliser dans le cas où il y en aurait plusieurs et également son port MIDI pour le contrôle.
Le Retour à zéro de la bande y est géré en cliquant sur « RTZ » du plug-in.
On y choisi également le monitoring. On peut écouter :
-INP, Input, c’est-à-dire l’entrée du CLASP avant le passage sur la bande
-REP, Tête de Repro donc le signal post bande. Cela nous permet de contrôler l’effet obtenu par le passage sur la bande.
Par contre, pour le changement de la vitesse de défilement, ce n’est qu’une indication puisqu’il faut l’actionner manuellement sur le CLASP et sur le magnétophone.
Le CLASP Bridge plug-in
Le CLASP machine Sync plugin
Il est insérer sur chaque mono master fader. Il faut créer autant de mono master fader qu’il y a de piste dans le système (24 par exemple avec un CLASP 24 pistes).
C’est ce plugin qui sert à resynchroniser les pistes enregistrées avec les pistes déjà présentent en appliquant le décalage qu’il faut en sample en fonction de la vitesse de défilement. Ces 24 « mono master fader » ne sont pas gênant dans la session car cachés en permanence, on finit par les oublier.
Le CLASP machine sync plug-in
Gestion de la latence en session d’enregistrement
Le CLASP envoie sur ses sorties Monitor ce qui se trouve à ses entrées Input (c’est-à-dire les sources directes, sorties de préampli…) ainsi que les pistes déjà présentes sur Pro Tools, il s’agit donc d’un Input Monitoring donc zéro latence, en particulier pour le musicien. Parallèlement les Inputs sont envoyées aux entrées du magnétophone et les sorties de celui-ci sont routées vers les convertisseurs afin d'être numérisées en temps réel. Lorsque l'on stop l'enregistrement les fichiers en retard sont automatiquement repositionnés sur la timeline (en prenant en compte la latence induite par le magnéto). Ils sont donc parfaitement synchro.
En Lecture, le CLASP envoie sur ses sorties Monitor ce qui sort du Pro Tools (DAW Return) afin de faire une écoute sur la console. On peut donc réécouter ses prises directement.
Configuration en session de mixage/mastering
Le mixage consiste à un réenregistrement des pistes sur la bande. En effet l’audio de Pro Tools est envoyé au Tape return de la console de façon classique et renvoyé dans l’entrée du magnétophone via les sorties bus de la console et le CLASP. La tête repro du magnétophone est ensuite envoyée aux entrées des convertisseurs et la numérisation se fait donc en temps réel. Comme pour une séance d’enregistrement, le décalage induis par l’écart entre les têtes est corriger automatiquement.
On peut choisir d’écouter soit l’input du CLASP (avant la bande) ou la repro (après la bande) en un clic comme en enregistrement. Par contre il est impossible en mode repro d’écouter le son qui passe par le bande synchro avec ce qui ne passe pas par la bande. En mode repro, soit on écoute juste la partie du mixage qui passe dans le magnéto, soit on fait passer tout le mix dans le magnétophone. En mode input, tout est synchro mais le traitement du à la bande ne s’entend pas.
Si l’intégralité des pistes de Pro Tools sont envoyés dans le magnétophone (avec un modèle 24 piste par exemple), alors il y a synchro entre toutes les pistes. Cependant il y aura un décalage entre le curseur de lecture sur la timeline de Pro Tools et ce que l’on entend. Mais ceci n’est qu’un détail auquel on s’habitue vite et qui n’est en rien contraignant. Si l’on veut faire du montage et être précis, il suffit de retourner en mode input pour avoir une timeline synchro avec ce que l’on entend..
L’installation
Lors de l’installation, il faut que la CLASP mémorise les offset à appliquer selon le modèle du magnéto, la vitesse de lecture de la bande et des calibration du magnéto. Pour cela il faut câbler les prises SYNC IN/OUT à une piste du magnétophone et actionner le bouton « SYNC » en façade du CLASP. Il calcule donc l’écart entre l’entrée et la sortie en « sample » avec les trois vitesses de défilement. Une fois l’opération faite, on peut débrancher le câble et refaire la manipulation que si la configuration change.
Au choix, on peut déporter les entrées/sorties du CLASP au patch afin de détourner son utilisation. Ce système a été conçu pour qu’aucun câblage ne soit à faire pendant l’utilisation. Mais avec un raccordement au patch, si l’on veut par exemple envoyer des sorties du convertisseur vers les Input du CLASP, c’est possible.
Pour que le système détecte le début de la bande lors du retour à zéro du magnétophone, on place un ruban réflecteur à 30 secondes du début de la bande qui est détecté par une cellule optique placée sur le magnétophone. Ce système permet de stopper la bande avant qu’elle ne dépasse et ainsi de continuer à travailler sans manipulations supplémentaires.
Une autre fonction du CLASP disponible sur la façade avant est la fonction post roll qui permet d’éviter que le magnétophone se stop en même temps que Pro Tools (0, 6 ou 12 seconde après). C’est utile dans le cas où l’on manipule le transport de Pro Tools de façon rapide et répété comme pour du re-recording afin de ne pas trop user le magnétophone.
Façade arrière du CLASP
Son utilisation au cours d’une séance et le ressentis
Enregistrement
Toutes les qualités du système s’observent pendant une séance de mixage. On a alors à notre disposition énormément d’éléments supplémentaires nous permettant de travailler le son et de faire des choix. Le niveau d’entrée dans le magnétophone ou la tête d’enregistrement agit déjà grandement sur la compression. La vitesse de défilement agit sur la bande passante, la courbe de réponse ou encore la dynamique. Lors de la recherche du son, l’on demande au musicien de jouer tout en lançant l’enregistrement en mode repro (contrairement à une configuration « normal » on l’on n’a pas besoin de lancer un enregistrement). On règle alors tous les éléments de la chaîne audio (instrument, micro, préampli, magnéto) en fonction du son de bande. Lorsque l’on lance l’enregistrement, le musicien a dans son casque les pistes déjà présentes sur Pro Tools et l’entrée du CLASP (sortie de préampli), donc un synchro parfaite sans avoir le son de la bande. En régie le son de la bande n’est pas non plus en monitoring. Lorsque l’on stop l’enregistrement l’on peut alors écouter le son post bande et juger des choix qui ont étés fait en amont. Un autre avantage est que la saturation des convertisseurs est très rare, c’est la bande qui régule toute la dynamique.
Magnétophone MCI JH24
Mixage
Lors d’une séance de mixage, le système devient pratique et créatif. Une des méthodes consiste à venir coucher un groupe de piste sur la bande. Ces pistes peuvent être soit un même instrument sur lequel on travaille pour trouver un son particulier soit un groupe d’instrument qui a besoin de se dissocier ou se lier. Par exemple, il est intéressant de coucher en même temps la basse et la batterie afin de trouver un traitement qui va bien dissocier la grosse caisse et la basse.
L’utilisation dépend aussi du modèle de magnétophone utilisé. Avec un MCI JH110 4 pistes on a en façade des potards nous permettant de gérer le niveau envoyé dans la tête d’enregistrement (donc dans la bande) et le niveau de sortie de la tête de lecture. On peut donc rentrer fort dans la tête d’enregistrement et sortir modérément de la tête de lecture afin d’obtenir une forte compression de bande sans saturer l’électronique du magnétophone. Cette technique peut être comparé à l’utilisation d’un compresseur Teletronix LA-2A où l’on dispose de deux potards : le « gain » et le « peak réduction ». Avec ces deux boutons on obtient un compresseur créatif et très musical. On peut aussi passer en mode calibré sur le MCI où le niveau d’entré et de sortie des têtes ont été préalablement établie selon les goûts de l’utilisateur, c’est souvent un mode où la compression/saturation reste discrète. Une autre manière d’obtenir une augmentation du son de bande est de pousser le niveau de sortie au niveau de la console et attaquer plus fort le magnétophone. Le problème de cette méthode est que l’on peut obtenir en plus une saturation dû à l’électronique qui n’est, elle pas musical.
Si l’on dispose du MCI JH 24 24 pistes, l’on a accès qu’au mode calibration. Il faut donc rentrer plus fort dans le magnétophone pour obtenir plus de compression ou bien changer (au tournevis, pas très artistique…) la calibration des têtes. Cependant, un modèle 24 pistes nous permet de passer l’intégralité d’un mix (pas tous) en même temps dans le magnétophone et obtenir une synchro totale en mode repro.
Lorsque l’on travaille avec la bande, l’approche sur les autres traitements est différente. En effet, égaliser un élément (basse par exemple) sans le son de la bande est inutile puisque les effets de la bande ne s’entendent pas. Il faut donc mixer avec le magnétophone qui tourne pour faire une EQ en fonction de la nouvelle dynamique, des pertes et gains de certaines fréquences.
En mix, il a une différence entre travailler sur des pistes enregistrées sur bande (avec le CLASP ou pas) et des pistes enregistrées directement sur disque dur. En effet, un enregistrement sur bande possède déjà une dynamique contrôlée et souvent un meilleur rapport aux fréquences. Il y aurait donc plus de travaille sur un enregistrement standard qui n’a lui pas le son de la bande. Cependant, on peut travailler sans bande mais avec EQ et compresseur à la prise mais cela n’a pas le même effet.
Magnétophone MCI JH 110
Son intérêt
Comme principe d’enregistrement
Cette technologie nous donne plein de possibilités et de choix à faire pendant l’enregistrement et la calibration du magnétophone (bias, correction, choix de bande,…). Ceci constitue des éléments créatifs afin de personnaliser le son.
Son utilisation en enregistrement permet de ne jamais, ou presque saturer les convertisseurs A/D. La bande va naturellement compresser le signal si le niveau de sortie du préampli est trop fort. On peut donc plus facilement pousser le gain du préampli sans forcément utiliser un compresseur qui peut écraser le son. Une autre chose possible qui n’était pas envisageable avant est le fait de changer la vitesse de lecture de la bande pendant un même projet. On peut vouloir enregistrer la batterie en 15ips pour accentuer la compression bande et la voix en 30ips pour un son plus propre, moins coloré.
Comme traitement
Le magnétophone peut être aussi vu comme un traitement à part entière qui donnera une couleur au son. Cette couleur s’apparente à un mélange de compression notamment pour les fréquences aigues et une distorsion harmonique. Cet effet est surtout fonction du niveau de saturation de la bande et pas forcément de la quantité de signal qui rentre dans le magnétophone.
Comme gain de temps et d’argent
Quand on sait que certains studios enregistrent/mixent toujours sur bande, ce système leur permet de s’abstenir des transferts puisqu’ils se font en temps réel. En effet, pour un enregistrement de basse/batterie sur bande, il fallait tout numériser ensuite pour passer sur une session standard Pro Tools par exemple. De plus, il n’y a pas de câblage à faire lors de l’utilisation ou non du magnétophone.
De plus, le fait d’utiliser toujours la même bande (dans la limite de l’usure), fait faire des économies importantes quand on connait le coût élevé de ce support. Par comparaison, il y a 30 ans le budget pour la séance de studio et celle de la bande était presque égal.
Les limites de fonctionnement et son coût
Comme tout système, il y a des limites. La plus évidente est son coût. Il faut compter 6000 euros pour le CLASP, autant pour un magnétophone de qualité, quelques 100 euros de câblage, le prix de la bande et de la maintenance.
Ce système s’adresse donc aux studios ayant déjà une chaîne audio haut de gamme et qui veulent aller plus loin ou palier un manque.
Cependant, vu d’un autre côté, c’est une configuration qui ne coûte pas si cher car pas exorbitant au vu des gros studios commerciaux. De plus, elle permet une économie de bande qui est énorme.
On peut également imaginer une configuration moins importante avec un CLASP 8 et un magnétophone 8 pistes pour un coût moindre.
Une autre limite est le fait que l’on ne peut changer la vitesse de lecture de la bande depuis le Pro Tools car très peu de magnétophone possède cette fonction dans leur « remote ».
De plus le déroulement de la bande étant une boucle fermé, il faut à un moment donné la rembobiner. Il faut donc l’anticiper et ne pas commencer une prise trop longue s’il reste 2 min. Heureusement, le décompter et bien visible et est là pour nous informer du temps qu’il reste.